A Montréal, l'inclusion à hauteur d'ado
Pensé pour accompagner les adolescents autistes vers la vie sociale ordinaire, un projet québécois parie sur l’émergence de liens spontanés entre les jeunes, sans mode d’emploi préétabli.

Au sommaire :
🗣️ Inclusion : que se passe-t-il quand on donne simplement l'opportunité à des adolescents autistes de rencontrer des jeunes sans préjugés ? Ils s'en saisissent !
🧰 Boîte à outils : PictoFacile, pour transformer facilement une phrase en pictos.
👁️ Vu ailleurs : entrer en communication grâce à la musique, ou aux lettres, c'est possible.
✒️ Entre nous : Annie, éducatrice spécialisée depuis 27 ans, témoigne de sa façon de "réinventer l'accompagnement".
🎧 Spectre audible : un podcast qui démystifie la CAA.
👩🎓 Webinaires : les dispositifs pour accompagner un enfant autiste.
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🗣️ "Transition vers l'inclusion" : la simplicité du vivre-ensemble
À la Maison des jeunes de Bordeaux-Cartierville, à Montréal au Canada, les adolescents de 12 à 17 ans poussent la porte sans inscription, gratuitement, pour participer à des activités variées : création de podcast, activités sportives, studio d’enregistrement musical.
C’est dans ce lieu ouvert et vivant que Michaël Huot, directeur de la Maison, a lancé une initiative d’activités adaptées pour les jeunes neurodivers, notamment ceux dans les classes spécialisées : « Transition vers l’inclusion »
Un besoin partagé
Dans ce quartier où se croisent des jeunes venus d’horizons très divers, l’inclusion n’est pas un slogan, mais une pratique quotidienne. « Être inclusif, accueillir tous les jeunes fait partie des missions de la maison. Ça faisait vraiment du sens de pouvoir développer quelque chose pour ce public », explique Michaël.
L’initiative du directeur est née d’un constat simple : « Beaucoup de jeunes autistes en classe adaptée restent isolés hors de l’école, faute de lieux pour socialiser avec d’autres adolescents neurotypiques ». Son expérience dans l’accompagnement vers l’emploi des jeunes avec un TSA l’a aussi marqué : « À 21 ans, ils passent d’un milieu scolaire protégé à l’entreprise, sans étape intermédiaire. C’est souvent l’employeur qui doit gérer la question de la transition sociale. »
Pour Michaël, ce projet devait donc servir de tremplin : offrir une première expérience de vie sociale, avant l’entrée dans le monde du travail. Ce besoin de transition, partagé par de nombreux parents et professionnels, a trouvé un écho immédiat dans la communauté. « Dès que j’en ai parlé aux écoles, aux professeurs, tout le monde a été emballé. L’inclusion, c’est dans les objectifs de toutes les organisations au Québec, mais il y a peu d’initiatives concrètes. Le projet a permis de connecter les points, et les partenariats se sont mis en place rapidement. » . Au point de faire l’objet d’un projet de recherche, mené par Isabelle Courcy, de l’université de Montréal, avec le soutien de l’initiative Société inclusive et la contribution financière de la Fondation Mirella et Lino Saputo et la Fondation Azrieli.
Le pari du pragmatisme plutôt que de l’adaptation
Sans mode d’emploi rigide, l’équipe du projet laisse la place à la spontanéité et à l’expérimentation. Plutôt que de multiplier les adaptations, elle a choisi de faciliter la transition : « On s’est dit qu’on allait leur donner l’espace, faire en sorte qu’ils se sentent à l’aise, pas nécessairement être très structuré, même si c’était une possibilité. On voulait voir comment ça se passait. » Seule concession à l’adaptation, un créneau réservé le lundi de 16h à 21h, quand la maison des jeunes est habituellement fermée.
Les jeunes autistes ont ainsi pu se familiariser avec les activités et le lieu, avant de migrer spontanément sur les autres jours de la semaine, au contact des autres jeunes. Le dispositif de pair-aidance, pourtant prévu au départ, n’a finalement même pas été nécessaire. ”Ca c’est fait encore plus facilement que j’imaginais”, rigole Michaël.
Une bascule rendue possible par le profil des six jeunes ciblés, avec l’aide de leurs professeurs, par le dispositif : “C’était ceux qui étaient le plus près de pouvoir faire la transition vers les activités avec les autres, grâce à leurs compétences sociales, leur niveau d’autonomie, et leur capacité à s’ouvrir à de nouveaux horizons. Il leur manquait juste des opportunités”. Conséquence logique, que reconnaît sans rougir le directeur : “Le projet n’est pas adapté à 100% des profils pour l’instant”, même si l’équipe espère pouvoir mobiliser le créneau du lundi pour élargir son recrutement, et compter sur les jeunes déjà intégrés au dispositif pour faciliter la transition. “Ça sera peut-être même plus simple que je ne pensais”.
Refuser la stigmatisation, faire confiance au groupe
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